D’après ma mère, l’étrange tournure qu’a prit l’histoire de notre famille a débuté il y a quatre générations de cela …
En effet, nous vivons depuis parmi les Halflings et en avons toutes les caractéristiques hormis notre physique qui nous vaut quolibets et jalousies depuis ce temps là.
J’ai longtemps tanné ma mère afin de connaître la vérité, j’ai bien trop souffert des railleries des autres enfants lorsque j’étais petite parce que je n’étais pas aussi poilue que j’aurais dû l’être, ni assez joufflue, ni même assez ventrue !
A cause de cela, je passais le plus clair de mon temps seule, depuis petite, je m’amusais à jouer des tours aux villageois, à chaparder une pomme par ci, échanger deux bouteilles par là, me faufiler un peu partout telle une ombre et espionner les conversations, personne n’a jamais su de qui venaient toutes ces drôleries et il valait mieux pour moi !
Mais pour en revenir à l’histoire de notre famille, j’avoue, à présent que je connais la vérité, me demander si maman ne m’a pas raconté cette histoire pour m’endormir car elle me semble vraiment … invraisemblable …
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Selon ses dires, mon arrière arrière arrière grand-père – Alaric Liess – était humain, c’était un guerrier renommé qui s’était engagé à défendre l’Empire contre toutes les créatures hostiles et, en l’occurrence, les elfes noirs.
C’est à ceux-là qu’il s’était vu confronté lors d’une bataille loin à l’est de l’Empire, sur les côtes où ces créatures à l’âme putrides venaient d’accoster.
Une bataille sans merci s’en suivit, il eu énormément de perte dans les deux camps et mon ancêtre était le seul survivant … Face à lui, deux elfes noirs subsistaient, un archer et une sorte de sorcière qui restait agenouillée prés d’un corps sans vie …
Alaric avait semblait-il mis fin à la vie de son fils, dans sa terrible rage de mère endolorie et aveuglée par la peine, elle se releva, fixa l’humain de ses yeux jaunes, ses cheveux de neige flottant au vent marin et prononça ces paroles :
« J’ai un message pour celui à qui tu obéis humain … Dis-lui bien que bientôt nous régnerons sur l’Empire et que rien ni personne ne pourra douter de notre suprématie, bientôt, tous vous serez tels des chiens à nos bottes !
Quant à toi … Tu ne t’en sortiras pas ainsi … »
D’un geste gracile elle traça dans l’air des formes irréelles, plongeant ses yeux brûlants dans ceux d’Alaric, terrorisé.
« Je te maudis ainsi que tous ceux que tu enfanteras … De votre semence, ne naîtront que des semi-hommes afin que les tiens se rappellent à jamais le crime que tu as commis en ce jour. Vas délivrer ton message à présent ! »
On dit que quand Alaric est retourné délivrer son message, il s’était absenté près de deux mois et à son retour son épouse était proche de la délivrance.
Il ne confia à personne les paroles de la sombre et lorsque sa fille vint au monde, elle était semblable à tous les autres nouveaux nés, alors il se dit que cette sorcière aurait sans doute voulu lui faire peur …
Cependant, le temps passait et son enfant ne grandissait pas comme les autres enfants humains, on chuchotait déjà dans le dos du couple … Surtout que la nouvelle s’était vite répandue que la sœur d’Alaric avait mis au monde un fils semblable… On commençait à parler de tare familiale …
Puis Thaïs eu 16 ans, il s’agit de mon arrière arrière grand-mère, elle comprit vite qu’elle ne saurait trouver époux parmi les hommes et ses peurs ne furent que confirmées lorsque son père lui avoua enfin la vérité.
Elle était la victime systématique des moqueries, elle ne dépassait pas 80 centimètres mais avait tous les atouts d’une jeune et jolie demoiselle …
Elle décida alors, avec son cousin, de fuir et de partir vivre dans le Moot, avec le peuple Halfling.
Ce peuple pacifique les accueillit à bras ouvert et ils apprirent à cultiver la terre, entretenir le bétail, faire la cuisine … Des choses simples et naturelle qui leurs ouvrirent la porte du bonheur.
Thaïs avait un fort succès auprès des messieurs, les femmes la jalousaient parce qu’elle était si menue et adorable !
Elle trouva époux et son cousin aussi connu le bonheur de l’amour !
On ignore si les fruits de leurs unions respectives furent dus à la malédiction ou au simple fait d’être à moitié halfling et moitié … on ne sait quoi, à vrai dire on ne peut parler d’humain …
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Invraisemblable hein ? Donc selon maman, depuis ce temps notre sang s’est mêlé à celui de halflings et nous sommes devenus halflings à part entière ! Hormis ce physique qui continue à pointer sur nous le doigt de notre passé.
J’ignore si cela est lié à cette soi-disant malédiction, mais peu après cette révélation, une tragédie de plus vint troubler notre quiétude.
Père avait décidé de m’emmener avec lui afin de vendre notre dernière production, il s’avère que je suis assez douée pour persuader les clients d’acheter à notre échoppe !
J’ai mon truc pour attirer la clientèle, mais seul papa le sait … Je fais quelques tours aux passants, et une pièce de monnaie apparaît derrière une oreille, un morceau de viande disparaît d’un panier pour atterrir dans une poche, etc.
Les nôtres se trouvent charmés par mes jolis yeux verts, mon nez fin et mes délicates tâches de rousseurs, ma bouche charnue semblable à une framboise bien mûre et mes cheveux de feux qui ondulent jusqu'au bas de mon dos, ma taille fine met en valeur ma poitrine rebondie et mes jolies jambes. C’est que ça peut aussi avoir son avantage d’être si différentes des autres femmes Halflings !
Quant aux humains ma foi, d’abord intrigués par cette gamine qui fait des tours sur le marché ils sont ensuite tout étonnés de voir à quoi ils sont confrontés et finissent par s’attarder et donc acheter charmés par cette petite bonne femme !
Voilà pourquoi papa appréciait à m’emmener pour ses ventes.
Sauf que cette fois là, tout ne s’est pas déroulé comme d’habitude … A la fin du marché à la dernière ville que nous avions programmée dans notre périple, un groupe d’elfes noirs apparut.
Humains, nains, elfes ou encore nos autres halflings, nous pressions de remballer nos étals avant la tombée de la nuit, le marché était désert et lorsque nos finîmes papa et moi, nous entendîmes une femme crier non loin, je voulais aller voir mais Nagodoc me pressa afin que nous puissions entrer à l’auberge.
Je m’affairais donc quand je vis apparaître l’humaine qui vendait du pain enchaînée et bâillonnée, un elfe noir la tenant pour prisonnière.
A peine eus-je le temps de réagir que je fus saisie par derrière, une main crasseuse sur ma bouche, je vis alors mon père enfermé dans une sorte de cage en bois !
J’ai tenté de me débattre mais tel un vulgaire sac à patates, le sombre me mis sur sa monture et nous partîmes.
Le voyage me sembla durer des jours … Nous ne comprenions pas ce qu’ils se racontaient mais ils semblaient satisfaits !
Nos baillons ne nous étaient ôtés que pour boire et manger, puis on nous entassa dans la cale d’un bateau.
J’ignorais à ce moment là que nous étions en route vers les terres de l’Est, Nagaroth, la cité des elfes noirs.
Ce qui nous attendait la bas était l’esclavage … On me confia à un homme qui semblait former des voleurs et des assassins, je me dis sans doute qu’ils avaient dû nous observer sur le marché et que mes tours de passe-passe nous avaient menés ici, je m’en voulais tant ! Mon père n’y était pour rien …
Il fût envoyé quant à lui dans un chantier avec d’autres prisonniers, la femme du marché était, elle, en cuisine.
Les rares fois où nous avons pu communiquer à l’abri des regards et oreilles indiscrets, Nagodoc me fit jurer de fuir si je le pouvais, sans tenir compte de lui. J’avais eu beau protester, je connais son regard déterminé et les larmes aux yeux j’avais juré que je le ferais si l’occasion se présentait.
Hormis le fait que je fus encouragée et spécialisée dans l’art du vol et de l’espionnage, je passerai la longue et monotone description de ces quatre années passées au service de ces créatures …
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Puis, il y a 3 jours de cela, j’entendis mon maître parler d’un complot – en quatre années je connaissais quelques rudiments de la langue – et d’un rival à assassiner, le lendemain à la nuit tombée, il m’emmena avec lui, me chargeant d’être la plus discrète possible afin de lui donner la situation de deux hommes qui semblaient s’être donnés rendez-vous pour affaires personnelles dans les antiques ruines.
Je fis rapport de ce que j’avais pu observer et restais en retrait en attendant qu’il fasse ce qu’il avait à faire.
Cependant, je n’avais su voir que dans les fourrés sur la droite, un autre elfe noir était tapi … Je me rendis compte de cela uniquement lorsqu’il se jeta sur mon maître, un instant je restais médusée et assistais au combat quand un éclair de lucidité vint frapper mon esprit …
Alors à toute jambes je décidais de fuir, fuir cette condition, fuir la cruauté, la corruption et ces infâmes elfes noirs.
J’avais pourtant le cœur serré de laisser mon père derrière moi et c’est en sanglots, presque aveuglée par mes larmes que je continuais ma course folle dans la pénombre.
Intérieurement je jurais qu’un jour, je sauverai Nagodoc !
A bout de souffle je finis par marcher, j’ignore pendant combien de temps je marchais et dans quelle direction j’allais mais j’étais épuisée !
Je me préparais à chercher un recoin pour me reposer avant de reprendre ma route quand l’air marin vint titiller mes narines … Je continuais alors me fiant à mon odorat, puis je finis par entendre le bruit des vagues.
Esméralda soit louée, il y avait un bateau !
Doucement j’approchais à couvert, me servant de mes yeux et mes oreilles afin de sonder la situation, tout semblait encore calme … Cependant l’aube ne tarderait pas à pointer son nez et éveiller les habitants de ce navire.
Je respirais un grand coup, pris mon courage à deux mains puis me faufilais à l’intérieur de l’imposante coque … Il semblait être un navire marchand …
Je crû que mon cœur allait cesser de battre lorsque j’entendis des pas derrière moi, ni une ni deux je me glissais dans un tonneau non loin de moi.
Peu après, le navire semblait prendre vie, j’entendais des ordres donnés par le capitaine, la cargaison chargée il fallait prendre la mer et vite !
Et c’est ainsi que je fis trajet vers une destination encore inconnue partagée entre la joie de m’être tirée de cette condition et la grande peine d’abandonner mon père.
Je m’endormis et m’éveillais bousculée, retournée, je n’ai pas réalisé de suite ce qui arrivais puis compris que mon tonneau était débarqué à quai.
Lorsque ce dernier fût stable et que les bruits de pas s’éloignèrent, je risquais à entrouvrir le couvercle et jetais un œil dehors.
Je n’en croyais pas mes yeux ! J’avais regagné l’Empire ! J’ignorais cependant où je me trouvais au juste et me doutais que Moot devait être bien loin …
Je m’extirpais alors discrètement de mon tonneau et tentais de gagner la ville la plus proche.
J’aviserai pour la suite des évènements mais il me fallait retourner au village et voir les miens, voir ma douce mère et raconter ce qui est arrivé et surtout, surtout, trouver un moyen de délivrer mon père.
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